23 janvier 2020
3 petites brèves écrites en pays Kiwi, au temps où les voyages étaient autorisés, pour vous faire oublier un moment, la morosité du confinement et vous permettre de vous évader.
En Nouvelle Zélande, le méchant coronavirus s’est tu. Sous nos pieds, de l’autre côté de la terre, la vie a repris…, comme avant !
Les dents de la mer
S’il existe un lieu où même les petits nains ne vont pas en chantant, c’est bien chez le dentiste ! On lui prête un pouvoir maléfique et on le sait assez puissant pour nous anéantir dans un fauteuil la bouche ouverte.
Jamais au grand jamais, un arracheur de dents n’a utilisé de panneaux 4x3 pour se faire connaître, ni sponsorisé un jeu télévisé pour attirer le chaland. Il faut dire que selon la rumeur publique, les dentistes gagnent bien leur vie et n’ont pas de raison de dépenser leur argent en pitreries quand leur air sérieux et compétent suffit à vider les bourses.
Mais voilà, nous sommes en Nouvelle Zélande, à Whangamata (le dernier « a » très court, façon Maori). Ici, le dentiste, même si on doit quand même trembler dans son fauteuil, est un homme comme tout le monde. Il parle simple, surfe de bon matin, ne manque pas la beuverie du vendredi soir au club et pour attirer les passants fait de la pub!
Le cabinet est installé en face du centre médical. Le 3ieme âge défile en permanence. Pour attirer l’attention, le dentiste a imaginé une devanture pleine de poésie, « OCEAN DENTAL », le dentiste des mers. Le titre est posé sur une vague et entouré de mouettes. Le rêveur que je suis, pourrait presque franchir la porte par inadvertance, une serviette de bain sous le bras !
Mon dentiste des mers fait aussi de la pub à la radio. Le présentateur vante ses mérites et son professionnalisme bien-sûr mais surtout, l’annonce finit par un slogan formidable qui vous donne vraiment envie de retourner chez le dentiste: « Your smile says it all ! » Votre sourire parle pour vous ! Il y a longtemps que vous êtes allé chez le dentiste ?
Le Père Noel voyageur
En Nouvelle Zélande, Noel tombe en été. Dans les bureaux, c’est probablement à chaque Noel la même chose. Comme des enfants, année après année, le personnel de mairie s’enflamme, plonge dans le fond des placards ou au sous-sol et brandit fièrement les reliquats du Noel précédent. Le sapin a besoin d’un coup de brosse, quelques personnages sont ébréchés, les guirlandes sérieusement défraîchies, mais qu’à cela ne tienne, pour Noel, le trésorier municipal fermera les yeux sur ces petites dépenses supplémentaires qui ne ruinent personne et réchauffent le cœur des employés municipaux et des habitants.
Pendant la période de Noël, c’est sur la qualité et l’originalité des décorations de la rue, que la réputation de la ville se construit. Alors, 15 jours avant Noel, les employés municipaux de la ville, d’ordinaire d’humeur bonhomme, redoublent d’énergie. Pas de nettoyage de poubelles ce jour-là, pas de coup de balai devant l’école, pas de peinture de lignes jaunes continues. Tout le staff est mobilisé pour décorer la ville. Dans la rue, tous ont le sourire. Les électriciens, branchent les futures illuminations, les grutiers opèrent avec minutie et une armée de cantonniers, guirlandes en main cavale gentiment en zigzag d’une maison à l’autre, d’un trottoir à l’autre, d’un réverbère à l’autre. Tout ça manque d’organisation, gêne la circulation mais c’est Noel. Les voitures patientent sagement le long de la banderole de sécurité. Les passants, guillerets, vaquent posément à leurs occupations en observant le désordre. Pas le moindre stress à l’horizon! Je fais partie des heureux badauds présents. Comme les autres, je lève le nez, pour découvrir enfin le père Noel fraichement accroché au lampadaire. Surprise : Il est en maillot de bain et porte une planche de surf sous le bras. Afin qu’on le reconnaisse, il est quand même coiffé du traditionnel bonnet rouge. A première vue, le Père Noël semble aussi à l’aise à la plage en Nouvelle Zélande que dans la neige en Laponie. Décidément, un grand voyageur !
Bienvenue à Whangamata
Un peu comme au Far-West, une seule route traverse la petite ville de Whangamata, la route numéro 25. Pendant 30 kms avant d’arriver, elle serpente sans fin au milieu de forêts de conifères et de fougères arborescentes géantes. Superbe ! Le tracé est remarquablement sinueux et le nombre de riverains très limité. La marina à l’entrée de la ville fait son petit effet. Les voiliers et bateaux de pêche au gros plantés dans la boue, attendent la marée haute pour sortir. Très vite la route numéro 25 devient la rue principale, le centre-ville. Bien fourni en bars, on y trouve également 2 fish-n-ships, un marchand de fringues, une maison de sport, une petite épicerie et des magasins d’article de pêche. L’unique Supermarché « New World » se trouve un peu en retrait. Whangamata ne compte que 1800 habitants (10 fois plus en été) mais comme chez nous, s’enorgueillit de ses ronds-points. Ils sont rarement encombrés mais très largement signalés par d’énormes panneaux. La direction du surf club local est annoncée en lettres de la même taille que la route principale 25 menant à Wahi, le village suivant. Les Néozélandais aiment réserver un peu de temps à leurs loisirs. Ils n’ont pas tout à fait les mêmes priorités que nous. Si vous êtes un de ces visiteurs Européens pressé, qui veut visiter la Nouvelle Zélande en 15 jours, vous filerez tout droit en veillant à prendre le rondpoint dans le bon sens. Ici, on roule à gauche ! Au contraire si vous êtes un local, avant l’ouverture de la boutique tôt le matin et après le tirer de rideau, vous allez forcément tourner à gauche et faire un détour par la plage, histoire de mesurer la taille des vagues, de prendre la température ambiante. Bien que visiteur, j’aime bien, moi aussi tourner à gauche. Je ne surfe pas mais j’apprécie de sentir mes pieds nus s’enfoncer dans le sable chaud de la longue plage qui longe la ville… Bienvenue en Nouvelle Zélande.