4 mai 2015
Ici l’accent Marseillais est partout, fort, caricatural, c’est à peine si je comprends ce qui se dit. Le Marseillais marche un peu vouté, le sourcil fronçé, l’air bagarreur mais se fend d’un sourire immense dès qu’il a l’occasion de parler. Et il ne s’en prive pas ! L’attente à la caisse du magasin de bricolage est l’occasion de pester contre le manque de caissières (la queue est longue) ou contre la menue monnaie dont les pièces se confondent. Ici tout se paie en argent liquide et la caissière scanne chaque billet avant de les mettre en caisse. On mouline avec les bras, on lève les yeux aux ciel, on hausse les épaules, le ton aussi, mais au bout du compte on rigole et à Marseille, c’est ce qui compte.
L’appartement où je suis est construit en haut de la colline et domine la ville. La garrigue commence à la porte, dégringole au fond d’une vallée avant de remonter sur le versant suivant derrière lequel commence les habitations. La zône est protégée, inconstructible. Les chemins zig-zaguent, se croisent sans ordre. Un peu plus loin, un peu plus haut, une cabane en feuilles pour chasseur à l’affût. Derrière, une énorme retenue d’eau pour la consommation de la ville et tout en haut les antennes installées au sommet de l’Etoile. Hier, j’ai accompagné les jeunes au pied des antennes pour une opération escalade. Tous m’ont encouragé à essayer, mais je me suis dégonflé, me sentant encore un peu gauche et le corps pas vraiment débridé. Il est grand temps que je me remette au sport !
Dans quelques jours, j’aurai 65 ans ! Incroyable ! je vois bien depuis quelque temps dans le regard des autres que je n’ai plus 20 ans ; j’ai constaté avec beaucoup de désarroi que les jeunes se levaient pour me laisser leur place dans le métro. Mon égo en a pris un vieux coup ! Que ça me plaise ou pas, la roue tourne et me voilà prêt à rejoindre le clan des papis ! Mais je n’ai pas dit mon dernier mot. Une fois mon œil réparé, mon ventre laminé, mes gambettes remusclées et mon regard de velours affuté, je reprends ma place dans le grand manège de la vie. Les chevaux de bois auront la brillance des Iles du Frioul à Marseille, la douceur de vivre à Whangamata en Nouvelle Zélande, l’air pur de La Clusaz en été, les vagues de ma plage favorite en Australie. Mes amis sont aux commandes. ils règlent la vitesse, décident du nombre de tours.
Finalement, j’aborde l’âge canonique plutôt heureux !